TÉMOIGNAGE Le père Samain au service autrement

Arrivé tout récemment sur la paroisse, le père Pierre Samain retrace pour nous son parcours.
Il nous surtout parle d’un appel auquel il a répondu, qui l’a rendu et continue de le rendre heureux :
« Viens et suis-moi » (évangile selon saint Matthieu).

Je suis originaire du Nord, plus précisément de Roubaix, d’une famille catholique avec des parents engagés : ma mère dans l’ACGF (Action catholique générale des familles), mon père dans la Conférence Saint-Vincent-de-Paul.
Par la scolarité chez les Frères des écoles chrétiennes et la vie familiale, j’ai vécu une dimension de la foi qui s’est construite tout au long de mon enfance et jusqu’après mon baccalauréat.
« Je te verrai bien prêtre »
Un jour, je devais avoir 12 ou 13 ans, j’ai dit à ma mère que je souhaitais aller au « juvénat » : en d’autres termes, devenir prêtre.
Et c’est lors de mon service militaire à Bordeaux, en tant que laïc en aumônerie, pour le diocèse de Lille, que j’ai reçu cet appel de manière unique.
Nous revenions en train de Lourdes où nous avions vécu un pèlerinage, avec mon ami Jacques Potier.
Accoudé à la fenêtre, il me dit : « Je te verrai bien prêtre. »
Ce fut une parole qui me percuta, comme si Dieu me parlait à travers cet ami ! Je me suis laissé interpeller par cet appel particulier qui a réveillé quelque chose en moi…
J’ai travaillé en Ehpad, anciennement le « Home Saint-Joseph », puis j’ai fait ma demande d’entrée au séminaire à Lille.
Après ce temps de discernement et de formation à Merville et au grand séminaire (l’actuelle maison Paul VI), j’ai été ordonné le 12 avril 1975 dans le diocèse de Lille. Plusieurs missions m’ont été confiées tout au long de ces années : curé et doyen sur les secteurs paroissiaux de Hem, Roubaix, Lambersart, Tourcoing, Lille ; ainsi que des missions toutes particulières comme aumônier diocésain de l’Action catholique des enfants (ACE), prêtre accompagnateur de secteurs paroissiaux, responsable du service diocésain des vocations.

Auprès des divorcés remariés.
Dans ma vie missionnaire, ce qui me rejoint le plus, ce sont les personnes qui se sentent rejetées.
Assez vite, j’ai découvert que les personnes séparées divorcées souffraient de ne pas être écoutées, ne pas être reçues en Église.
C’est ainsi que j’ai porté un projet d’écoute pour rejoindre les personnes séparées divorcées, devenu « les rencontres CEDIRE » : « CE » pour ceux et celles qui se sentent rejetés, « DI » car divorcées et « RE » pour remariées.
Depuis plusieurs années, ces rencontres permettent à ceux et celles qui y viennent de retrouver un espace d’écoute de leur vie après une rupture.
Et je peux attester que les parcours de vies d’hommes et de femmes sont aussi restaurés et remis debout par la fraternité vécue.
J’ai été témoin de miracles de vies restaurées et reconstruites, en passant du caniveau à une nouvelle vie familiale.

Sachant que j’approchais de mes 75 ans (très bientôt, le 1er décembre !), j’ai demandé à arrêter les responsabilités et me mettre au service de l’Église autrement.
Je ne me sens pas du tout en retraite, mais disponible à l’Église.
En effet, je suis engagé sur deux lieux différents : dans la paroisse Saint-Pierre-du-Vieux-Lille que je découvre fraternelle, accueillante, avec les messes célébrées chaque quinze jours, aux Bateliers, où les personnes sont heureuses de me retrouver régulièrement ; dans l’équipe diocésaine de santé des prêtres, une manière de se rendre proche et à l’écoute de confrères, avec les dimensions de fragilités et d’avenir…
Je suis heureux d’arriver ici et de continuer ma vie en Église au service de confrères et de paroissiens lillois et plus largement.
Propos recueillis
par Véronique Pilet pour la revue Partages Décembre 2023

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