Extrait de la revu Partage d’avril 2023 Rencontre avec Robensy Libérius
Robensy Libérius participe aux offices de la paroisse et, depuis quelque temps, coordonne et forme les servants d’autel. Bon nombre l’ont déjà rencontré et échangé brièvement avec lui à la sortie des messes, le dimanche. Nous avons voulu nous rapprocher de lui pour en apprendre plus…
Tu viens d’Haïti où il y a beaucoup de problèmes !
Robensy Libérius. Pour ceux et celles qui ne connaissent pas, Haïti se situe dans les Caraïbes, sur l’île d’Hispanio- la, territoire qu’il partage avec la Répu- blique dominicaine, à l’est. C’est un pays indépendant depuis 1804, qui compte dix départements et 133 communes. Effectivement, c’est un pays qui, ces dernières années, connaît beaucoup de problèmes : politiques, économiques, sociaux… Depuis juillet 2021, il n’y a pas de gouvernement, et ce sont des groupes armés qui tiennent le pouvoir et font l’actualité. Des bandits kidnappent les gens et quand on sort de chez soi, on ne sait pas si on pourra rentrer. La seule force de l’ordre, la PNH (police nationale d’Haïti), ne peut répondre aux attentes de la population.
En fait, la vie des Haïtiens et des Haïtiennes est très compliquée. Il n’y a pas de travail, 80 % de la population est au chômage, pas d’allocations, pas d’activités, tout est presque fermé. Raisons pour lesquelles le taux d’émigration des Haïtiens est très élevé.
Quand es-tu arrivé en France ? Comment se sont passés les premiers jours ?
Je suis arrivé en France le 29 décembre 2021. Au début, tout n’a pas été facile pour moi. Imaginez quelqu’un qui arrive d’un pays tropical en plein hiver en France, où il fait parfois -3°. En fait, c’était un peu difficile ! Ensuite, c’était la grande découverte de la culture et de la cuisine française, très différente de celle d’Haïti où les aliments sont fort pimentés ! J’ai été accueilli par le diocèse et logé à la maison Saint-André qui se situe au 61 rue Princesse. La bienveillance des gens qui l’habitent m’a permis de vivre dans une très bonne ambiance fraternelle et chaleureuse. Avec eux, je découvre de belles choses et je fais de bonnes expériences.
Bien que je ne sois pas dans mon pays, dans ma famille, leur sympathie imprime en moi une grande joie, qui me fait me sentir chez moi.
Parle-nous de cette vie communautaire…
À la maison Saint-André, nous nous répartissons les tâches ménagères : chacun à tour de rôle prépare les repas ; nous avons une vie communautaire rythmée par des temps de prière quotidiens, des méditations personnelles, et une heure d’adoration par semaine, tous les jeudis soir à 21 heures. Enfin, il y a la messe tous les jours. Bref, je m’y sens vraiment bien, c’est chez moi.
Peux-tu nous décrire tes journées ?
Je suis des cours de théologie à la Catho de Lille, et je rends visite aux résidents des Bateliers. Auparavant, je suis allé à Saint-Vincent pour visiter les malades. J’allais aussi à l’accueil de jour de Magdala. Pour le moment, je participe aux rencontres des équipes de préparation au baptême et au mariage, et j’accompagne les servants d’autel à la paroisse Saint-Pierre du Vieux-Lille.
Que t’apportent toutes ces rencontres ?
Je quitte toujours ma maison avec deux «sacs» : un pour donner et un autre pour recevoir, car je suis profondément persuadé qu’on reçoit beaucoup plus en partageant et en donnant aux autres. Alors, j’apprécie avec joie la valeur des échanges que j’ai eus avec toutes les personnes, particulièrement avec des personnes âgées, quand elles me parlent de leur vie et me font réfléchir sur la mienne.
Quand seras-tu ordonné prêtre ? Où souhaites-tu exercer ton ministère ?
C’est toujours avec une vive émotion que je pense à la date de mon ordination ; mais je ne peux rien en dire, car je ne la connais pas encore ! Seul l’archevêque, quand il y en aura un à Lille, pourra décider de m’ordonner ou non. Si toutefois l’Église choisit de m’appeler pour la charge du presbytérat, je souhaiterais exercer mon ministère là où l’évêque décidera de m’envoyer. Je souhaiterais me mettre davantage à l’écoute de la parole de Dieu, afin de collaborer avec tous, les écouter, et de travailler à la manière du Christ qui est venu pour être servi et non pas pour servir (Mc 20,45). Être ce pasteur qui doit «sentir l’odeur des brebis, c’est-à-dire d’être au milieu du troupeau», comme l’a dit le pape François, lors d’une messe chrismale, en mars 2013.
Pour terminer, je tiens à remercier de tout cœur le diocèse de Lille pour son accueil et adresser un bouquet de remerciements à la maison Saint-André pour son ambiance sympathique me permettant de répondre généreusement à l’appel du Christ. J’invite et encourage tous les jeunes à découvrir cette maison.
Propos recueillis par P.R.