L’église Sainte-Catherine
Cette église est un écrin. Les bénévoles de l’association «Sainte-Catherine Vieux-lille d’hier à demain» choisissent de valoriser ce haut lieu, et rêvent d’en faire davantage un lieu carrefour de l’art et de la foi, par l’organisation de concerts et d’expositions.
Un peu d'histoire
Classée monument historique en 1991, l’église, dédiée à sainte Catherine d’Alexandrie, figure pour des réparations dans les comptes de la collégiale Saint-Pierre en 1273 ; sa fondation pourrait être datée du milieu du XIIIe siècle, sans indications plus précises.
La paroisse a été crée par un démembrement de la paroisse Saint-Étienne et est citée pour la première fois en 1283. Sainte-Catherine est d’abord une église rurale, construite sur les anciens jardins des chanoines de Saint-Pierre, dans le faubourg de Weppes ; elle est incorporée dans l’enceinte lors de l’agrandissement de la ville du XIIIe siècle.
La plus ancienne cloche porte la date de 1403.
La tour aurait été achevée en 1504. Les nefs actuelles dateraient de la fin du XVe ou début du XVIe siècle. Les nefs latérales ont été prolongées entre 1723 et 1727 (voir cartouche à l’extérieur côté sud).
Au XVIIIe siècle, les murs sont recouverts de boiseries réputées qui furent démontées et vendues en même temps que le mobilier de l’église, au moment de la Révolution. Elle perd aussi les belles grilles qui fermaient le chœur. Transformée en grange pendant cette période, elle est rendue définitivement au culte catholique en 1797.
Le 17 janvier 1795, Chiappe installa son télégraphe optique au sommet de la tour ; il resta en place jusqu’en 1846. Le guetteur au feu a veillé du haut de la tour jusqu’en 1891.
L’église a abrité, du début du XIXe siècle jusqu’au 21 septembre 1872, la statue de Notre Dame de la Treille.
Les restaurations entreprises par la municipalité dans les années soixante ont dégagé les voûtes lambrissées de sapin. Plus récemment, la restauration de la chapelle Saint-Joseph a mis au jour de très belles pierres tombales. Sur les parois se voient les nombreux remaniements que l’église a subis tout au long de son histoire.
L'église
Extérieur
Le cimetière situé au nord de l’église, a été fouillé sous la direction de l’archéologue municipal, en 1986 et 1987, ce qui a permis une étude de la population lilloise du XVIIIe siècle. Dans ce cimetière, s’est installé en 1622 un reclusage, transformé en école pour l’éducation manuelle des jeunes filles, au début du XVIIIe siècle. Il fut fermé et démoli en 1765 à la suite d’un procès qui eut lieu entre les recluses et les marguilliers (laïcs chargés de la garde et de l’entretien de l’église).
Le porche principal s’ouvre sur la tour carrée qui est couronnée par une balustrade du XVIIIe siècle. Dépourvue de flèche, la tour est implantée en hors d’oeuvre. Des cordons horizontaux délimitent huit niveaux, les murs sont aveugles, sauf au niveau des cloches où l’on compte deux baies par face. Les façades latérales sont percées de grandes fenêtres en arc brisé et à meneaux. Les contreforts sont disposés irrégulièrement; le contrefort en biais à l’est du petit portail sud marque l’endroit où se terminait la nef avant l’agrandissement du début du XVIIIe siècle. Les flancs de l’édifice sont en mauvais état et leur mise en valeur est souhaitée dans le cadre du plan d’aménagement de l’îlot.
La roue de sainte Catherine d’Alexandrie surmonte la fenêtre centrale du chevet.
Intérieur
L’église est remarquable par son architecture de type «hallekerke», qui se retrouve dans de nombreux édifices flamands : trois nefs d’égale hauteur, sans transept. Ces nefs sont séparées par des colonnes cylindriques qui supportent des grandes arcades de large portée.
Les trois premières paires de colonnes sont semblables, en calcaire, leurs socles sont hauts, les chapiteaux nus, les tailloirs minces, octogonaux, moulurés. Une paire de colonnes en grès aux tailloirs plus épais est suivie par une paire de piles quadrilobées. Enfin, des piles carrées sont les reliquats d’un mur percé lors du dernier agrandissement.
Le chœur est profond et possède deux travées. La première est prise dans l’oeuvre, la seconde est libre et se termine par une abside à trois pans. Les nefs latérales se terminent par des murs droits.
Mobilier
Bien que l’église ait perdu au cours de son histoire la majeure partie de son trésor et des pièces importantes (certains tableaux, dont le fameux «Martyre de Sainte Catherine» de Rubens, ont été confiés au Palais des Beaux Arts de Lille, les vitraux du XIXe siècle ont été déposés), certains monuments de l’église méritent toute notre attention.
Choeur
Le maître-autel date de 1767, les guirlandes et les ornements sont finement sculptés. Au pied de l’autel, dans un médaillon, on trouve l’Agneau Pascal. Le tabernacle est en forme d’ Arche d’Alliance, la porte représente Moise devant le Buisson Ardent. Le vitrail, au dessus du maître-autel («l’Apothéose de sainte Catherine») est une œuvre de Gaudin.
Les boiseries du chœur du XIXe siècle sont ornées d’écussons aux armes des comtes de Flandre, et sur celles formant cloison entre le chœur et les chapelles se trouvent les écussons armoriés des blasons des évêques et archevêques de Cambrai.
Toujours dans le chœur, sur les colonnes, deux tableaux, «la Sainte-Famille», et «la Sainte-Face», toiles du XVIIe siècle. Les stalles sont en chêne, cent douze statues y sont sculptées, œuvre de Buisine du XIXe siècle.
L’autel de la nef nord a été successivement consacré à Notre-Dame de Tongres, Notre-Dame de Miséricorde, Notre-Dame de la Treille, et enfin Notre-Dame de Lourdes. Autel et tabernacle en marbre blanc sont du XIXe siècle.
Au dessus de l’autel, une toile de Wamps (1689-1744), «l’Adoration des Bergers». De chaque côté, deux tableaux de Mottez, «Saint Mathieu» et «Saint Jean l’Évangéliste». Banc de communion en marbre blanc.
Au milieu, «La Cène», d’après Léonard de Vinci.
Dans le mur de la chapelle se trouvent une Piéta, la Vierge des sept Douleurs et des ex-voto, l’un d’entre eux relatant la guérison miraculeuse de Sophie Druon.
L’autel de la nef sud, dédié initialement à saint Jean, est consacré au Sacré-Cœur à la fin du XIXe siècle.
L’autel en marbre du XVIIIe siècle proviendrait de la collégiale Saint-Pierre. Le bas de l’autel, tenant les clefs, nous précise son origine.
Le tabernacle du début du XVIIIe siècle a été classé le 7 octobre 1935. La porte du XIXe siècle représente le Bon Pasteur. Au dessus de l’autel, un tableau, «La Cène», fut accroché en 1843. Deux tableaux de Mottez: «Saint Marc» et «Saint Luc», encadrent l’autel.
A droite de l’entrée latérale, encastré dans la murale, un petit monument funéraire du XVe siècle, le «Monument Pierre Machon», où sont figurés agenouillés le donateur, sa femme, son fils et l’épouse de ce dernier, au pied d’une Vierge à l’Enfant. Elle présente à ce dernier une grappe de raisin. (classé monument historique le 5 juin 1907).
Les stalles sont en chêne, cent douze statues y sont sculptées, œuvre de Buisine du XIXe siècle.
La nef
Le grand Christ en croix est une œuvre du sculpteur douaisien Bra, ainsi que la Vierge à l’Enfant placée dans la chapelle près du porche principal.
Les orgues sont en cours de restauration. Le grand buffet date du XVIIe siècle, le petit buffet et la balustrade du XVIIIe siècle.
Le banc d’œuvre est du XIXe siècle. La chaire, du XVIIIe, a été restaurée au siècle suivant par l’architecte Benvignat et le sculpteur Huidiez. Les confessionnaux, œuvres de Buisine, datent de la fin du XIXe siècle.
Les quatorze tableaux du Chemin de Croix ont été peints en 1862 par Oscar de Haes, paroissien de Sainte-Catherine. Sur la muraille sud, les quatre tableaux, «les Docteurs de l’Église». A l’entrée de l’église, les statues de saint Maurice et de saint Louis proviennent de la chapelle de la Citadelle. Les pierres tombales de Charles d’Appelteren et de sa femme et d’Alexandre Hanrart et de sa femme se situent dans la chapelle Saint-Joseph (début XVIIe siècle).
La statue de Sainte Catherine, se trouvant à la sacristie est du XIXe siècle.
L'héraldique
Malgré les dépradations, l’héraldique des XVe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles est représentée dans l’église par des pierres tombales, des vitraux, des bannières. Le petit monument sculpté en 1479 pour Pierre Machon, dit de Le Sauch, et sa famille est un bel exemple du travail tournaisien du XVe siècle (mur latéral sud).
La magnifique pierre de Charles d’Appelteren (1609) et de sa femme (1622), découverte très récemment, réhausse le patrimoine paroissial, comme celle, malheureusement bûchée et inédite, d’Alexandre Hanraet (1613 – ancienne chapelle Saint Nicolas). Pour le XVIIIe siècle, les pierres gravées sont scellées aux murs du porche (familles Le Comte et Muyssart) et dans le passage vers le presbytère (famille Herreng, Michelier et Godefroy).
Les vitraux qui garnissent, depuis 1871, les fenêtres latérales nord et sud, ont été offerts par les familles : Lespagnol, Desfontaines, Sutton, de Vicq, Quecq, de Madre, d’Espaigne, de Riyvroy, Imbert, etc… Le contre retable de de l’autel latéral sud, dédié au Sacré Cœur, montre entre autres les armes de Mgr de Belsunce, évêque de Marseille, qui se dévoua lors de l’épidémie de peste (1720-1721) dans cette ville.